Daniel Roseberry de Schiaparelli parle ouvertement pour la première fois de l'indignation suscitée par une collection de couture avec de faux trophées de chasse

Il y a un mois, la présentation de la collection de haute couture de Schiaparelli avait suscité des avis partagés, alors que des répliques détaillées de trophées de chasse étaient intégrées dans les vêtements. Bien que certains aient salué cette initiative, d'autres ont vivement critiqué la glorification de la chasse et la représentation des animaux comme un produit de luxe, exprimant leur mécontentement sur les réseaux sociaux.

Pendant ce temps, le créateur de la maison, Daniel Roseberry, s'apprête à dévoiler la toute première collection de prêt-à-porter de Schiaparelli lors de la Fashion Week de Paris ce jeudi. Dans une interview avec WWD, il aborde ouvertement pour la première fois les critiques qui ont entouré sa dernière collection.

Le créateur affirme clairement qu'il n'a pas l'intention de modérer ses références surréalistes. Les dessins de sa dernière exposition, inspirés de l'œuvre d'art de Dante's Inferno, qui traite de la recherche de l'illumination, étaient destinés à susciter la discussion, explique-t-il à WWD. "Je ne suis pas surpris par l'ampleur du buzz", avoue-t-il. "Nous n'avons pas de budget marketing, nous ne payons pas d'influenceurs pour porter nos sacs, nous ne faisons pas de publicité, mais on s'attend à ce que je rivalise avec une marque de 15 milliards de dollars. Je vais donc jouer toutes les cartes possibles pour raconter mon histoire et dominer."

Cependant, il admet n'avoir pas complètement anticipé les critiques sur la glorification de la chasse au trophée : "Je savais que la représentation des animaux susciterait des réactions fortes. Mais la quantité de haine, de négativité et de colère, en particulier de la part de personnes assises sur les sièges bon marché d'Instagram, a été une surprise pour moi."

Cependant, Roseberry reste persuadé que ni lui ni son équipe n'ont commis d'erreur. Le designer met en avant l'importance de l'intention, expliquant à WWD que son but n'était en aucun cas de susciter la colère, mais plutôt de capturer quelque chose de beau de manière réaliste. "Je me sentais donc bien émotionnellement parce que je savais que l'intention derrière tout cela était pure", précise-t-il. Il ajoute également que l'artiste qui a fabriqué les trophées de chasse était végétalien. "Certaines personnes se trompent tellement."

Le créateur admet que cet événement l'a rendu plus conscient de l'attention mondiale portée à son travail. Il se souvient de l'époque où la couture était présentée à un groupe très restreint de personnes expertes en mode, mais maintenant que ses vêtements sont présentés à un niveau de masse, il explique à WWD qu'il est impossible de contrôler l'opinion des personnes absentes, "qui ont un énorme mégaphone".

Malgré tout, Roseberry est persuadé que cette polémique n'aura pas d'impact négatif durable sur la maison de couture ou sur sa propre carrière. Pour son prochain défilé de prêt-à-porter, il prévoit d'éviter les déclarations extrêmes, bien que cela n'ait rien à voir avec l'incident de la couture, explique-t-il. "Nous n'essayons pas de casser Internet avec cette collection. C'est une collection pour les clients, inspirée par les clients, et je veux qu'il y ait quelque chose de confortable, naturel et sensuel. Ce n'est pas une performance comme la mode."

Depuis son rachat par l'entrepreneur italien Diego Della Valle en 2012, la maison de couture Schiaparelli connaît un renouveau et élargit désormais sa stratégie de vente au détail, notamment avec l'ouverture d'un shop-in-shop permanent chez Harrods à Londres en janvier dernier.